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Grand stade

OL Land : chronique d’un naufrage annoncé

« Un jour, vous allez gagner sur le Grand Stade. Jean-Michel Aulas va dire "je me tire, je laisse la ville de Lyon avec son équipe et son stade tel qu’il est". Et nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer. » Lâchée par Gérard Collomb lundi dernier lors du conseil communautaire, cette phrase a fait l’effet d’une bombe, révélatrice de l’incohérence du projet, monté en dépit du bon sens et défendu contre vents et marées. L’occasion de dresser la chronique d’une tour de babel sur le point de s’effondrer.

2004. Le président de l’OL, alors triple champion de France, se met à rêver d’un destin européen pour son club. Destin, qui passe impérativement par la construction d’un nouveau stade, ultra-moderne, à l’image de l’Allianz Arena de Munich ou de l’Emirates Arena d’Arsenal, alors en cours de construction. Ces stades, dotés d’importantes surfaces commerciales, s’avèrent en effet ultra-rentables. On estime que la recette d’un soir de match rapporte 1 million de livres en plus au club londonien d’Arsenal, comparé à son ancien stade de Highbury. De quoi faire saliver du côté de Gerland.

A Lyon, l’idée n’enchante pas grand monde. « Si Aulas construit son stade, que ferons-nous de Gerland dont nous sommes propriétaires et que nous avons la charge d’entretenir ? […] Les Allemands à Munich ont fait cette erreur. Résultat : l’ancien stade olympique n’a plus d’utilité », s’inquiète Gérard Collomb dans les colonnes du magazine Le Point (14 avril 2005). Son adjoint aux sports, Thierry Braillard enfonce le clou : « Le coût du stade de Gerland pour la ville de Lyon c’est 1,4 millions d’euros par an. Heureusement que nous avons un locataire, ça permet quand même d’équilibrer nos comptes. Si demain, nous n’avons plus de locataire, ça sera une charge nette pour la ville et donc un coût supplémentaire pour le contribuable », explique-t-il au cours d’une séance du conseil municipal en 2007.

Entièrement rénové à l’occasion de la coupe du monde de 1998 par les pouvoirs publics pour près de 33 millions d’euros, l’abandon de Gerland fait tâche. Mais c’était sans compter sur la pugnacité de Jean-Michel Aulas, qui fait le forcing pour promouvoir son projet. Ainsi, le maire de Lyon opère un revirement sur l’aile en septembre 2005 sur le site de L’Equipe.fr : « Je veux aller jusqu’au bout afin de voir si l’on peut agrandir le stade de Gerland. Si nous n’y parvenons pas, je suis d’accord pour faire construire un nouveau stade mais il faut qu’il reste au sein de la communauté urbaine. » Une condition qui allait prendre toute son importance.

A l’époque, Gerland se situe encore en zone Seveso en raison de la proximité du couloir de la chimie de Feyzin (le site est aujourd’hui déclassé), ce qui met un terme définitif aux velléités du maire de Lyon de conserver le club dans sa ville. Le projet OL Land est désormais sur les rails. Reste à savoir où construire ce nouveau stade. Un site tient alors la corde : Le Puisoz, un terrain situé entre Lyon 8ème et Vénissieux. Bordé du métro D, du futur tram T4 et du périph, non loin de l’A7 et l’A43, le choix est loin d’être idiot. L’affaire paraît dans le sac, au point que L’Equipe écrit le 27 mars 2006 en citant un élu local : « D’ici à quinze jours maximum, l’officialisation du site devrait être faite, histoire que le chantier puisse démarrer le plus vite possible. Si les travaux durent comme prévu entre dix-huit et vingt-quatre mois, l’inauguration pourrait avoir lieu pour la saison 2009-2010. »

C’était sans compter sur la radinerie de Jean-Michel Aulas. Car le propriétaire des lieux, le fonds d’investissement new-yorkais Apollo Real Estate Advisors, flairant la bonne affaire, demande le prix fort pour son lopin vénissian. C’en est trop pour le président de l’OL, qui jette l’éponge et menace désormais de s’exiler en dehors du Grand Lyon. Des sites à Pusignan ou Jonage sont alors évoqués. Sans qu’il soit précisé comment Jean-Michel Aulas compte acheminer 60 000 spectateurs dans des contrées aussi lointaines, la menace fait son effet sur Gérard Collomb. Après avoir dû avaler la couleuvre de voir partir le stade en dehors des limites de Lyon, ville dont il est maire, il n’envisage pas une fraction de seconde que l’enceinte puisse se construire en dehors de l’agglomération dont il est le président.

C’est ainsi, que Gérard Colllomb, un jour d’automne 2006 « découvre » le site du Montout à Décines « en passant devant en voiture ». Aulas, qui se moque comme d’une guigne de l’endroit, tant qu’il n’a pas à payer les voies d’accès, dit banco. Cela ne l’empêche pas d’accuser plus tard le maire de Lyon de l’avoir « foutu dans la merde », selon les propos d’un élu local que le Progrès (8 mai 2009) se fait un plaisir de rapporter. Car le projet prend rapidement l’eau. La disparition programmée d’espaces naturels au sein du V vert est-lyonnais, et les graves carences en matière d’accès, galvanisent rapidement la contestation locale. Deux avis négatifs en autant d’enquêtes publiques plus tard, le projet est toujours au point mort.

Entre temps, Jean-Michel Aulas a laissé planer une autre menace. Ainsi, début 2009, il affirme dans les colonnes du Progrès que « si les grues ne sont pas sur le chantier en 2010, nous abandonnerons ce projet » et laisse même sous-entendre qu’il pourrait quitter l’OL pour un club anglais ou espagnol. Depuis, les seuls grues qui se sont éventuellement posées au Montout ont deux pattes et des plumes et Jean-Michel Aulas est toujours là. Les clubs britanniques et ibériques ont finalement pas dû se bousculer tant que ça au portillon.

Alors que la troisième enquête publique, prévue en septembre, a été repoussée à mars 2011, alors que le gouvernement traîne les pieds pour signer la déclaration d’intérêt général, alors que les opposants au projet sont plus déterminés que jamais, le Grand Lyon devient de plus en plus adepte de la méthode coué et répète inlassablement que le futur Grand stade sera inauguré, quoi qu’il advienne, le 8 décembre 2013.

Les différentes menaces brandies par Jean-Michel Aulas n’ont cependant pas manqué de faire leur effet sur Gérard Collomb, à juger sur sa dernière sortie au conseil communautaire. Comment expliquer sinon, qu’il s’entête à préférer dépenser 180 millions d’euros d’argent public pour des voies d’accès au Montout, plutôt que rénover Gerland. Un investissement que l’association lyonnaise des contribuables Canol estime à 89 millions d’euros.

L’opposition n’a pas manqué de s’engouffrer dans la brèche. D’abord en séance par la voix du maire UMP de Meyzieu Michel Forissier : « la pratique du chantage ne grandit pas ceux qui la pratiquent. Et ceux qui y cèdent se mettent en grand danger pour l’avenir ». Puis, en dehors par le député UMP Philippe Meunier, cité par le Progrès de ce jour : « C’est un aveu d’échec éclatant. Il s’est mal pris dès le début sur ce dossier, il en paye le prix maintenant, mais il le fait aussi payer à Aulas et à l’OL ». Enfin, par voie de communiqué par Emmanuel Hamelin : « Par son entêtement, son manque de vision, son absence d’écoute et son autoritarisme, Gérard Collomb porte l’entière responsabilité de l’échec prévisible du projet de grand stade à Décines. » Seul Michel Havard est resté muet sur la question. Favorable au projet, il se trouve en effet le cul entre deux chaises.

Montage : © lyon-info.fr

Publié le : mercredi 22 septembre 2010, par Tony Truand

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