Il est 19h30 quand une cinquantaine de manifestants, vêtus de noir et agitant des drapeaux roses venant de Bellecour se dirigent vers Saint Jean. A l’entrée de la place, ils sont stoppés net par les policiers. C’est alors que la centaine de contre-manifestants, présents devant la cathédrale, commencent à s’agiter et à brandir banderoles et drapeau du Vatican. Équipés d’un porte-voix, ils scandent « Cathophobie, ça suffit » ou « Tous des enfants d’hétéro, première, deuxième, troisième génération ». Du côté des homos, on se met aussi à chanter et clamer, mais de façon plus spontanée, moins organisée. Puis le ton monte, les insultes commencent à fuser et des majeurs érigés font ci et là leur apparition. Quelques bras tendus aussi du côté des ultra.
Pendant 1 heure, les deux camps allaient rester là à s’affronter verbalement. Les LGBT poussent pour investir la place, brandissant l’arrêté préfectoral les autorisant à manifester sur la place Saint Jean et non seulement aux abords de celle-ci. Mais le cordon policier tien bon. Puis, le cortège homo décide de contourner le problème, fait le tour du pâté de maison et arrive sur la place par la rue de la Brèche. Ils sont maintenant environ 300. Stoppés à nouveau par les policiers, ils s’installent au niveau de la fontaine face à la cathédrale. « On a gagné », crie Olivier Borel, vice-président de l’association Lesbian and gay pride de Lyon dans son mégaphone. Puis, à son appel, il y a enfin quelques bisous d’échangés.
Les deux camps semblent s’être installés dans la durée. Aux agenouillements, prières et cantiques des cathos, les homos répondent par des slogans provocateurs (« à genou pour la pipe », « si Marie avait connu l’avortement, on n’aurait pas tous ces emmerdements »...). « On va rester jusqu’à ce que la préfecture fasse respecter la loi », annonce David Souvestre, président de la Lesbian and gay pride. Comprenez, qu’elle fasse évacuer les contre-manifestants, non autorisés, contrairement au Kiss-In qui lui est en règle. En face, on ne fait cependant pas mine de vouloir laisser la place aux LGBT. « Saint Jean est à nous », scandent les traditionalistes.
« Je ne suis pas intolérant » affirme André, un jeune catholique. « Ils pouvaient s’embrasser à Bellecour ou aux Terreaux mais faire ça devant la cathédrale, c’est une provocation ». « Je ne vois pas en quoi c’est une provocation de s’embrasser sur une place publique », répond David Souvestre. « Nous l’avons déjà fait les autres années à Bellecour et aux Terreaux. Saint Jean est simplement un lieu touristique et de passage. »
Puis, à 21h30, la police siffle la fin de la partie et repousse d’abord la manifestation officielle. Explosion de joie du côté des catholiques, qui accueillent la manœuvre en entonnant la Marseillaise. Une joie qui est cependant de courte durée, car aussitôt, ils se font, eux aussi, déloger. Plus accrocheurs, c’est sous les coups de matraque et nuages de gaz lacrymogène qu’ils quittent la place. Quelques courtes échauffourées s’ensuivent à l’entrée de la rue Saint Jean et 2 contre-manifestants se font embarquer, des menottes aux poignets. Peu avant 22h, le calme revient sur le parvis de la cathédrale Saint Jean.