L’affaire détonne plus par son ampleur, que par la nature des faits. Pas moins de treize personnes ont été arrêtées mardi, suite à une enquête de treize mois. Parmi ces individus, sept policiers vénissians et deux délégués du procureur, ainsi que deux membres d’une fratrie de quatre personnes et deux de leurs proches. Les fonctionnaires sont suspectés d’avoir fourni divers renseignements à cette famille, en échange de cadeaux.
Les quatre frères, âgés de 39 à 44 ans, sont connus des services de police pour des vols aggravés ou avec violence et des affaires de stupéfiants. « L’un d’eux a passé 30 mois en prison », indique le procureur.
Dans cette affaire, « il ne s’agissait pas de faire sauter des PV », souligne Marc Cimamonti, « mais de renseigner sur l’existence de procédures dont les membres de cette famille pouvaient faire l’objet, de leur donner des informations, et de compromettre ces procédures ».
L’un des quatre frères, condamné à deux ans de prison dans une affaire « loin d’être anodine », aurait ainsi échappé à deux reprises à son interpellation. En fuite, il a été malgré tout arrêté en mars 2012, « dans des conditions de violence particulière. Il a tenté d’écraser les fonctionnaires de police », précise Marc Cimamonti, pour souligner la gravité des agissements des policiers interpellés. « Ils ont un rôle dans le fait d’avoir exposé la vie de leurs collègues. »
Des cadeaux mais pas d’enrichissement
« Ils n’ont pas perçu d’argent, mais des avantages », précise Marc Cimamonti. En échange de ces renseignements, le plus âgé des quatre frères, à la tête d’une entreprise d’import de produits Samsung, leur aurait fourni des téléphones portables, du matériel informatique et électroménager et mis à disposition une Porsche à l’occasion du mariage de la fille d’un des agents.
« Il n’y a pas eu d’enrichissement du train de vie des policiers », reconnaît Albert Doutre, qui dénonce toutefois les « liens d’amitié » entre présumés corrupteurs et corrompus. « Il y a eu une relation de proximité répréhensible », analyse le procureur.
Treize mois d’enquête
L’affaire a été révélée en août 2011 à la suite d’une dénonciation. L’enquête diligentée a permis de confirmer les faits. Le 19 octobre 2011, une information judiciaire a été ouverte. Grâce à des écoutes et des surveillances, pas moins de « 2600 pièces de procédure » ont été réunies. « Un travail colossal », commente le procureur.
De plus, l’opération de mardi a permis de saisir 400 000 euros en liquide. « Cela donne une idée du train de vie mené par les quatre frères », note Marc Cimamonti.
Les 13 personnes interpellées, qui nient les faits, risquent dix ans de prison.