Braqueur au sang froid, Dillinger s’attaque justement à ces banques qui étaient devenues le symbole de la misère qui s’était abattue sur la population (comme quoi, l’histoire...). Élégant et charismatique, pris (à tort) pour une sorte de Robin des bois, il se transforme en héros populiste, au même temps qu’il devient, pour la police, l’ennemi public numéro un, l’homme à abattre à tout prix. S’engage alors une haletante chasse à l’homme, menée par Melvin Purvis, jeune agent de ce qui allait devenir le FBI, aussi déterminé à ne pas lâcher prise, que l’est Dillinger à ne pas se faire prendre. La saga n’aura finalement duré que 14 mois, de mai 1933 à juillet 1934.
Mis en scène par Michael Mann, ce film fait revivre trois décors originaux : la prison de Lake County (Indiana), l’auberge Little Bohemia (Wisconsin), théâtre d’un sanglant affrontement entre la bande à Dillinger et la police, et le Biograph Theater à Chicago, décor du showdown final. Filmé entièrement en caméra HD, avec des plans souvent très rapprochés, voire en contre-plongée, reprenant quelques codes du reportage journalistique, le film transpire une grande nervosité.
Michael Mann a signé, de par le passé, quelques pépites cinématographiques, comme Heat (mettant pour la première fois aux prises, deux monstres sacrés du cinéma hollywoodien : Robert de Niro et Al Pacino), ou encore la série Miami Vice - Deux flics à Miami et son ambiance tout en couleurs pastelles, une première dans ce genre. La barre était donc placée relativement haut. Malheureusement, Public Enemies ne la franchit pas.
Certes, le film est servi par une brochette d’excellents acteurs : Johnny Depp en gangsta taciturne, Christian Bale (Terminator Renaissance, Batman, American Psycho), qui joue son prédateur du FBI, Billy Crudup (Raisons d’Etat, Watchmen), le boss de celui-ci, et Marion Cotillard dans le rôle de la petite amie, qui fait ce qu’elle peut pour donner de la profondeur à son rôle de décoration. Néanmoins, le film manque cruellement de consistance. L’Amérique toute entière est plongée dans la plus grave crise économique de toute son histoire ? On ne le voit pas. John Dillinger est porté en héros par une partie de la population ? On ne comprend pas. Les tribulations de Dillinger ont provoqué la création de la FBI, dotée pour la première fois de compétences transfrontalières ? Le sujet est tout juste effleuré. Dénué de suspense (sauf peut-être pour le showdown final), Public Enemies, au lieu d’être le film d’une époque, est finalement un simple film d’époque avec beaucoup de boum boum et de vroum vroum.
– Film américain
– Réalisé par Michael Mann
– Avec Johnny Depp, Christian Bale, Marion Cotillard
– Durée : 2h13min
– Sortie : 08 Juillet 2009
– Site officiel : www.universalpictures-film.fr/publicenemies.html