Ce n’est qu’il y a une semaine que Vanessa s’est inscrite au site OnVaSortir.com, (OVS pour les intimes). Avant même d’avoir participé à une sortie, elle décide d’organiser la sienne : un pique-nique au parc de la Tête d’Or. « Je suis spontanée, je ne réfléchis pas », sourit cette chef de réception dans un hôtel à l’aéroport. Vue la météo, le site recense dix autres sorties de ce type à Lyon et environs. « Sauf dérogation, OVS limite le nombre de participants à 20 pour garantir une ambiance conviviale », explique l’organisatrice.
Sur les 19 inscrits, 15 convives sont réellement venus. Comme pour un déjeuner entre potes, le tutoiement est de rigueur et la conversation s’engage vite. Chacun amène à boire et à manger, puis tout est partagé. Attention, la consommation d’alcool est interdite au parc de la Tête d’Or. Heureusement, la police municipale n’était pas très regardante aujourd’hui, malgré les bouteilles de rouge et de rosé qui circulaient.
Jeune maman d’un garçon de deux ans, Vanessa la montpelliéraine n’habite Lyon que depuis trois ans. « Maintenant que mon fils grandit et devient plus autonome, j’ai envie de faire de nouvelles rencontres », explique-t-elle ses motivations. « Quand on reste entre potes, on fait tout le temps les mêmes sorties », renchérit Héloïse, 27 ans. « Je me suis inscrite pour changer de têtes, faire d’autres activités. » OVSienne depuis mars, elle a d’ores et déjà participé à une cinquantaine d’évènements. « Certaines semaines c’était l’overdose », rigole-t-elle, « je sortais tous les jours. Puis, quand je me retrouvais avec le frigo vide et la vaisselle sale, je me suis désinscrite quelque temps. » Au cours de ses sorties, elle dit s’être fait deux nouveaux vrais amis et cinq à six potes.
Ce qui est vrai pour les gones, l’est encore plus pour les étrangers. Amit, 30 ans vient de Delhi en Inde. Débarqué à Lyon il y a deux mois, il a sélectionné une sortie où les membres parlent anglais. Avec Maud, qui a passé un an à Manchester, la conversation s’engage alors sur l’humour anglais. « Ici c’est plus facile de rencontrer des gens sympa que dans la rue », estime Amit. Une amie de l’université lui avait parlé de ce réseau.
Si la plupart des personnes rencontrées, ne sont OVSiens que depuis quelques semaines ou quelques mois, Michel fait office de dinosaure. « Je me suis inscrit en mars 2008 », raconte cet informaticien. « A l’époque on n’était que 500 à Lyon ». Aujourd’hui le site compte quelques 15000 membres entre Rhône et Saône. Michel partage maintenant à travers ce réseau sa passion pour la musique et le roller.
L’ambiance du pique-nique était bon enfant, ce qui est généralement le cas, mais des exceptions existent. « Lors d’une soirée resto où on était sept, l’un des convives nous a raconté toute la soirée ses problèmes de RMI et de collocation », soupire une autre OVSienne. « C’était barbant ». Mieux vaut donc choisir une activité où les participants sont nombreux.
Créé le 16 avril 2005 à Paris sous le nom de SortirSurParis.net, le site a changé de nom en 2007 et s’est étendu sur toute la France (DOM-TOM compris). « C’est l’art et la manière d’utiliser Internet pour rapprocher les gens dans le réel et non les enfermer dans le virtuel », explique Jérémy Routier, son fondateur, un jeune informaticien de 33 ans. Depuis cette année, une nouvelle étape a été franchie avec le lancement de sites à l’international sous la marque urbeez.com. De Los Angeles à Tokyo et de Dublin à Rio de Janeiro, 16 pays sont d’ores et déjà ouvert. En 2008, la société a affiché un chiffre d’affaires de 118 000 euros et s’attend à un triplement cette année. Les revenus proviennent essentiellement des bandeaux publicitaires affichés sur le site.
Si OVS n’est pas un site de rencontre amoureuse, le côté et plus si affinités n’est toutefois pas totalement absent. « 90% des participants sont célibataires », estime Jérémy, l’un des pique-niqueurs. Et contrairement aux sites spécialisés, très courus par les hommes, « 55% des OVSiens sont de sexe féminin », affirme son fondateur.
Infos : http://lyon.onvasortir.com/