« Plus de 2 millions d’enfants ne voient que très peu l’un de leurs parents », estime le professeur Jean-Marc Ghitti, enseignant à l’Institut de formation en travail social à Saint-Étienne. Et près de 28 000 plaintes et 130 000 mains courantes pour non représentation d’enfants sont enregistrées chaque année. « Le droit de visite n’est pas respecté en France », déplore Ana Milheiro. « Je ne vais plus à la gendarmerie, parce que je ne veux pas que mon ex-mari aille en prison », souligne-t-elle.
« La justice aux affaires familiales est là pour gérer les conflits. Ce n’est pas ça que nous voulons. Au lieu d’aller voir immédiatement le juge, les parents doivent agir en responsables, et se tourner d’abord vers des médiateurs familiaux, des psys et des thérapeutes. » Ainsi, la marche s’adresse autant aux parents qu’aux élus à qui les marcheurs demandent plus de crédits pour la médiation familiale.
Lors de leurs escales, ils interpellent passants et maires. « Dans les petites villes, les gens viennent spontanément nous voir », raconte Ana. A Lyon, la seule grande ville sur leur route, le contact avec les locaux est moins facile. La mairie n’a pas répondu à leur demande de rencontre. « C’est dimanche et c’est un long week-end », excuse Alain, qui a conduit la poussette de Vernaison jusqu’aux Terreaux. Là, c’est Jean-Marc qui a pris le relais jusqu’à Fontaine-sur-Saône.
Le 6 juin, la marche doit arriver à Paris pour une grande fête à Bastille avec musique, danse et jonglerie. Le point d’orgue sera un mariage-parental symbolique entre deux parents divorcés qui s’engageront à « favoriser les bonnes relations entre leur enfant et ses deux parents. » L’année 2010 marque les 20 ans de la ratification par la France de la Convention des droits de l’enfant.