« A chacun son tour », commente un policier en discussion avec 3 jeunes des quartiers. La veille, en fin de journée au cours d’une opération place Bellecour, les forces de l’ordre les avaient amenés à l’hôtel de police pour un contrôle d’identité avec prise de photos. Ce vendredi, c’était au tour des jeunes identitaires de se faire embarquer.
En début d’après-midi, un groupe de 140 militants d’extrême droite est repéré dans un bar du quai Rambaud (Lyon 2ème). La police arrive et contrôle tout le monde. 2 personnes sont interpellées pour possession d’« arme par destination », en l’occurrence des chaines de vélo. Une intervention qui se veut « dissuasive », selon le patron de la sécurité publique Albert Doutre. Elle ne les dissuadera pas. Peu après, le groupe essaie de s’en prendre au piquet de grève de Perrache. Dispersé par les CRS, il remonte la rue Victor-Hugo derrière une banderole Touche pas à ma ville, criant des slogans « Libérez Lyon, la racaille en prison » ou « La racaille t’es foutue, les Lyonnais sont dans la rue ».
Au même moment quelque 200 jeunes, rassemblés autour de la statue équestre, alertés par téléphone portable font le chemin inverse et descendent la même rue, vite arrêtés et dispersés par les policiers. Quant aux militants d’extrême droite, les forces de l’ordre les arrêtent au niveau de la place Ampère et les encerclent. Par petits groupes, ils sont embarqués dans des cars blancs et conduits à l’hôtel de police. L’opération se termine peu après 19h.
La veille, 621 personnes s’étaient retrouvées enfermées par la police à Bellecour sans pouvoir quitter la place plusieurs heures durant. 92 d’entre eux ont été conduits au commissariat central, dont plus que la moitié de mineurs, note le préfet Jacques Gérault. 150 personnes avaient connu le même sort mercredi sur le pont de la Guillotière. « Ces opérations très lourdes ont permis à certains de méditer », ironisait Jacques Gérault vendredi au cours d’une conférence de presse. « Ils savent qu’on a leur identité et leur photo. C’est de nature à ramener quelques personnes dans le droit chemin. » « Ça a jeté un froid », confirmait un jeune rencontré vendredi à Bellecour. Et tant pis si dans le lot se trouvaient quelques dizaines d’étudiants avec drapeau, banderole et pancartes, que la police empêchait de rejoindre la manifestation lycéenne place Antonin Poncet. « Ils ont voulu manifester, ils ont manifesté place Bellecour », commentait laconiquement le préfet.
« Infiniment plus calme »
Le début de la journée de vendredi a été « infiniment plus calme », a commenté Jacques Gérault. A 10h, seuls une dizaine de jeunes s’étaient rassemblés autour de la statue de Louis XIV. La veille ils étaient 500. La police avait visiblement anticipé ce retour au calme. Si le nombre de policiers mobilisés (700) a été maintenu, leur présence était moins visible que la veille. Les 2 camions lanceurs d’eau étaient bien à nouveau sur la place mais le véhicule du GIPN a quitté Bellecour dans la matinée.
Des « attroupements » ont toutefois été constatés « devant quelques établissements scolaires », indique le préfet. A Vénissieux, 2 jeunes ont été interpellés aux abords d’un collège. A 17h, 8 personnes avaient été arrêtées par les forces de l’ordre, ce qui portait le total à 286, depuis le début des troubles. D’autres peuvent suivre, la police n’ayant pas encore exploité toutes les vidéos tournées par les policiers ou enregistrées par les caméras de surveillance et l’hélico de la gendarmerie. 59 convocations au Tribunal de grande instance ont été prononcées et 5 personnes ont été incarcérées. La police a comptabilisés 84 bris de vitrine, tandis que 4 magasins ont été pillés, tous dans la journée de mardi. Une cellule de soutien aux victimes des émeutes s’est réunie la première fois jeudi. « Ce n’est pas à l’État de payer », a déclaré néanmoins le préfet, prenant le contre-pied les premières déclarations de Brice Hortefeux, qui avait invoqué la « solidarité nationale ». La cellule met cependant à la disposition des commerçants des experts en assurance ou fiscalité.
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