Le candidat dissident s’estime « légitime »

Législatives : le bras de fer continue dans la première

Il était beaucoup question de légitimité à la conférence de presse de Thierry Braillard. Mis en cause par le candidat officiel du PS et des Verts Philippe Meirieu sur l’utilisation de la signalétique de François Hollande, l’adjoint aux sports de la mairie de Lyon a fait valoir son travail d’élu de terrain.

Conseillers municipaux et généraux, maires d’arrondissement, secrétaires de section ou simples militants, ils étaient une vingtaine, socialistes, radicaux et même une Verte et un centriste, à s’être rassemblés mardi matin avec Gérard Collomb autour de Thierry Braillard, pour lui dire leur soutien. Et beaucoup de mal de l’autre prétendant à gauche, Philippe Meirieu, qualifié de « candidat d’appareil, un peu solitaire », et dont ils dénoncent les « dérives » ou encore la « frénésie contestatrice ».

Meirieu pas « sympathique »

Investi en vertu d’un accord national entre le PS et les Verts, le vice-président écologiste au Conseil régional hérisse les poils de Gérard Collomb. « Si on m’avait proposé un écologiste qui soit sympathique avec la politique lyonnaise, cela aurait été sujet à réflexion », commente le maire, qui aurait préféré Gilles Buna ou le maire du 9ème Alain Giordano. Car à Lyon, les Verts ont l’habitude de faire liste commune avec le PS et ne mouftent pas trop.

Contrairement à Philippe Meirieu, qui n’hésite pas, lui, à afficher au Conseil régional des divergences de point de vue avec le camp socialiste. Et dont Gérard Collomb redoute la candidature aux prochaines municipales, à la tête d’une liste autonome et revendicative.

Si bien que le sénateur-maire répète à qui veut l’entendre que Philippe Meirieu ne cesse de s’opposer aux « dossiers qui sont essentiels pour l’agglomération », notamment les subventions aux grandes institutions culturelles (Opéra, Villa Gillet...) et aux pôles de compétitivité.

« Il faut arrêter de regrouper sur quelques énormes structures, qui touchent déjà beaucoup d’argent public, l’ensemble des subventions », lui répond Philippe Meirieu dans une vidéo postée sur son site, rappelant que seul 1,2% des Lyonnais vont à l’Opéra. « Notre volonté (au Conseil régional, ndlr) est de développer la totalité de la vitalité culturelle régionale, y compris dans des petites structures qui ne s’adressent pas qu’aux spectateurs professionnels. »

Candidat « légitime » contre « candidat d’appareil »

Réfutant toute « dissidence », Thierry Braillard s’estime légitime dans la première circonscription, contrairement à son concurrent. « Je n’ai jamais quitté le terrain, je ne le découvre pas », persiffle l’adjoint au maire.

« La légitimité de terrain remporte sur l’investiture d’appareil », renchérit Gérard Collomb, pour qui la question se résume à une équation simple : « si vous pensez qu’il faut une autre politique à Lyon, votez pour l’adversaire de Thierry Braillard. »

« Il y avait un accord de notaires, maintenant il y a des huissiers », raille, de son côté, Jean-Yves Sécheresse, président du groupe PS au Conseil municipal. Car la conférence de presse intervient au lendemain d’une visite d’huissier au local de campagne de Thierry Braillard. Un local, où la symbolique socialiste est omniprésente : affiches de François Hollande, poing à la rose, slogan « pour la majorité présidentielle », tout laisse à penser que c’est lui qui porte les couleurs du PS dans la première circonscription.

« Il y a des règles du jeu dans une élection et nous sommes venus les rappeler à Thierry Braillard », explique-t-on dans l’entourage de Philippe Meirieu. L’huissier avait notamment montré à l’adjoint aux sports un lettre signée de Christophe Borgel, secrétaire national chargé des élections au PS. Le responsable socialiste est formel : seul Philippe Meirieu peut utiliser le poing et la rose sur ses tracts, tout comme le slogan « Donnons une majorité au changement avec François Hollande » ou encore le logo « Majorité présidentielle avec François Hollande ».

« Sur le terrain, cela crée de la confusion », indique le directeur de campagne de l’écologiste, Gaël Roustan. « Lors du porte à porte certains nous disent “on a déjà vu le PS”. Mais quand on leur explique, ils ne sont pas contents. »

Un qui, au contraire, se frotte les mains, est le député UMP sortant Michel Havard. En une heure de conférence de presse, Thierry Braillard ne lui avait consacré que deux petites phrases. Et d’aucuns pensent à Lyon que Gérard Collomb préférerait la victoire du sortant à celle de Meirieu.

Publié le : mardi 29 mai 2012, par Michael Augustin