Les opposants envahissent la tribune

Grand stade : grabuge au Conseil général

Séance houleuse au Conseil général du Rhône. En cause : une délibération présentée par Michel Mercier en personne. Le président a soumis au vote une garantie de prêt de 40 millions d’euros au profit du grand stade de l’OL. La délibération est passée, mais non sans mettre l’assemblée sens dessus-dessous.

Ils avaient prévu le coup. En début de séance, une trentaine d’opposants au stade des lumières ont investi la tribune publique du Conseil général. Une fois installés, ils ont sorti banderole et pancartes. Puis, se sont mis à hurler leur désapprobation. Une interruption de séance et l’intervention d’une quinzaine de CRS plus tard, les explications du texte pouvaient commencer.

« Pour être une capitale européenne, une ville comme Lyon a besoin de grands équipements », a justifié Michel Mercier, avant de rappeler que sa collectivité soutient également l’Opéra, l’École nationale supérieure et construit le Musée des confluences.

Le président du Département a rappelé que la loi autorise les collectivités à financer des stades pour l’Euro 2016. Puis, il a lancé à ceux qui s’étonnent de voir un élu centriste voler au secours du président socialiste du Grand Lyon : « C’est petit bras. » « Je soutiens toutes les initiatives pour l’agglomération », a-t-il ajouté, indiquant qu’il ne souhaitait pas réitérer les « combats » qui auraient jadis opposé le maire de Lyon, Edouard Herriot au président du Conseil général, Laurent Bonnevay.

Des arguments qui n’ont pas convaincu les Verts. « Il est vrai qu’un stade privé est une priorité au moins aussi importante que les personnes handicapées et âgées, les publics en insertion, l’enfance, les collèges », a ironisé Béatrice Vessiller, pointant les « contraintes budgétaires » du département et l’augmentation d’impôts à venir, selon elle.

Une fois n’est pas coutume, le groupe UMP a fait sienne la position des écologistes. « Ce dossier comporte un risque juridique », a pointé le député de la dixième circonscription, Christophe Guilloteau, rappelant lui aussi la « situation financière tendue » du département.

Privé de son allié habituel, Michel Mercier a néanmoins pu compter sur le PS pour faire passer son texte. Sans surprise, les élus socialistes ont soutenu ce projet, porté contre vents et marées par Gérard Collomb. Seul le maire socialiste de Montrottier, Bernard Chaverot a voté contre, Bernard Catelon, élu PS de Condrieu, s’abstenant.

La délibération a finalement été adoptée par 36 voix contre 15 et 2 abstentions, les communistes Marie-Christine Burricand et Christian Falconnet votant contre et Martial Passi s’abstenant. Gilles Buna a, lui, préféré ne pas prendre part au vote.

Le financement reste flou

« Mon petit doigt me dit qu’il y aura des contribuables qui porteront plainte », a aussitôt lancé Béatrice Vessiller, pointant le peu d’information dont les conseiller généraux disposaient sur le montage financier du projet. Montage financier autour duquel le mystère s’épaissit de jour en jour.

Après avoir claironné être capable d’apporter seul les 380 millions d’euros nécessaires à la construction du stade, l’Olympique lyonnais avait annoncé en juillet 2011 que Vinci devait finalement injecter 100 millions d’euros dans le projet. Le bétonneur qui a été retenu pour la construction de l’enceinte devait recevoir en échange 49% de la Financière du Montout, filiale de l’OL Group en charge du projet.

Puis, la date limite des négociations, fixée au 30 avril dernier, est passée sans qu’aucun accord ne fut trouvé. Pire, le 27 novembre, le club est contraint d’annoncer que le géant du BTP renonce finalement à l’entrée au capital, se contentant de proposer un prêt de 80 millions d’euros. Tout en exigeant des garanties que le Conseil général a donc apportées.

Quid des 300 millions d’euros manquants ? Mystère et boule de gomme. Michel Mercier s’est contenté d’évoquer vaguement des emprunts bancaires et fonds apportés par des personnes privées, dont le président de l’OL, Jean-Michel Aulas et Jérôme Seydoux, administrateur du club.

Un écran de fumée dénoncé par les opposants. « Nous ne savons rien de la crédibilité financière de ce dossier et des raisons de ces difficultés à boucler son plan de financement », s’est écriée Béatrice Vessiller. Le recours contre le vote du Conseil général s’ajoutera donc à la longue liste des obstacles juridiques qui se dressent encore devant le stade des lumières.

Publié le : vendredi 30 novembre 2012, par Michael Augustin