Dans un document de 29 pages, les opposants réunis autour de l’association Carton rouge, ont recensé toutes les remarques et réserves exprimées par les enquêteurs. On y trouve pêle-mêle des points de détails et de vrais problèmes de fond avec en première ligne : l’accessibilité du site. Ainsi, dans leurs conclusions, les commissaires demandent des voies d’accès aptes à « recevoir 10 000 à 15 000 véhicules/heure » « Aucune voirie à Décines n’a cette capacité-là », s’est étranglé Franck Buronfosse, le président de Carton rouge,« une deux fois deux voies c’est 20 000 voitures par jour. »
Idem pour l’accès en transport en commun, où les enquêteurs préconisent une capacité de « 9000 à 10 000 passagers/heure ». « C’est la capacité d’un métro », a maugréé Jean Murard, président de Déplacements citoyens, « un tram c’est 2000 passagers par heure ». « On est encore à la case départ », a résumé Michel Forissier. « Il va falloir aller devant la justice pour obtenir nos droits. »
C’est chose faite, puisque 5 recours ont d’ores et déjà été déposés. Ils visent le prolongement de T2 jusqu’à Eurexpo, l’aménagement de T3, l’achat de rames de 40 mètres de longueur (contre 30 actuellement) pour T3, la déclaration d’intérêt général (DIG) et la promesse de vente des terrains à 40 euros/m². D’autres suivront au fur et à mesure des décisions prises par l’administration. Ils concerneront le permis de construire du stade, le Plan local d’urbanisme et les différents accès au site du Montout. Au total une douzaine de recours sont prévus.
Parmi ceux-ci, une procédure s’avère centrale. Elle concerne la DIG signée par le Premier ministre en mai dernier. Avant de se prononcer, le gouvernement a dû prendre le pouls « des communes riveraines directement impactées par [la] construction » du Grand stade, selon un amendement voté à l’initiative d’un autre farouche opposant, le député UMP Philippe Meunier.
Le préfet a alors interrogé pas moins de 11 communes, de Lyon à Jonage et de Vaulx-en-Velin à Saint-Priest. A l’arrivée, 8 conseils municipaux se sont prononcés pour et 3 contre. Or, selon la lecture d’Étienne Tête (EELV) seules les communes riveraines auraient dû être interrogées. Au nombre de 5, elles sont majoritairement opposées au projet. « Ça a été fait pour transformer un avis défavorable en avis favorable », persiffle le conseiller régional vert. Un vice de forme suffisant pour faire tomber la DIG, selon lui. Or, sans DIG pas de stade des Lumières, puisque le Grand Lyon n’aura plus le droit de financer les accès à un projet privé.
« Je ne sais pas si on va gagner ou perdre », a commenté Philippe Meunier, « mais on va se battre jusqu’au bout sur ce dossier-là. » « Face à la complexité de ce dossier, les portes juridiques sont largement ouvertes », veut croire de son côté Étienne Tête.