Championnat d’Europe des Nations

Euro 2016, se jouera-t-il à Gerland ou Décines ?

A peine l’organisation de l’Euro 2016 attribuée à la France (avec 1 seule voix d’avance sur la Turquie), que les réactions affluent dans les rédactions. Si les uns, Gérard Collomb en tête, y voient une consécration du projet d’OL Land, d’autres s’estiment au contraire confortés dans leur défense du site de Gerland.

Ce vendredi à 13h03, Michel Platini, président de l’UEFA, met fin au suspense en brandissant le carton portant l’inscription France. A peine 18 minutes plus tard, le premier commentaire arrive dans les boîtes e-mail des journalistes lyonnais. L’association Carton rouge, farouchement opposée au grand stade décinois, fait part de son indignation, fustigeant « une présentation tronquée de certains des projets Français ». « Ce qui était incomplet, mensonger, sous-dimensionné avant la décision de l’UEFA, ne sera en rien amélioré parce que nous devons organiser l’Euro », écrivent ces pourfendeurs du site décinois. Et de mettre en garde : « OL Land risque fort de prendre du retard. »

Si la France a bien présenté une candidature incluant la construction d’un stade à Décines, celui-ci n’est pas indispensable pour répondre aux critères de l’UEFA. Le cahier des charges pour l’Euro 2016 n’exige en effet que 2 stades de 50 000 places. Or, le Vélodrome de Marseille (65 000 places après rénovation) et le Stade de France (76 474 places) remplissent déjà cette condition. Du coup, tout le monde y va de son interprétation.

« Avant le dossier était fragile, maintenant il est tout comme bouclé », estime-t-on dans l’entourage du maire. Lors de la réception à l’Hôtel de ville de l’équipe féminine de l’OL celui-ci renchérit : « je demande à l’UMP et aux Verts de se rassembler autour du projet de Grand stade ». Le dossier lyonnais aurait « particulièrement retenu l’attention de l’UEFA », croit savoir le maire, qui défend bec et ongles le site du Montout. « Le stade se fera à Décines, ou il ne se fera pas », avait-il martelé il y a peu en discutant avec des journalistes. Avant de remettre une couche devant un parterre d’invités triés sur le volet, lors de l’inauguration des Docks à la Confluence. Développant au passage une bien curieuse conception de la démocratie : « la politique ce n’est pas faire ce qui plaît au plus grand nombre. »

Lecture diamétralement opposée chez Emmanuel Hamelin. « Il est maintenant urgent de proposer un projet consensuel, qui réponde aux attentes de l’OL, aux impératifs d’utilisation d’argent public, et surtout maintenant, au calendrier que nous impose l’Euro 2016 », écrit-il dans un communiqué. Et de conclure : « il est maintenant impératif de remettre sur la table des discussions le projet de Gerland. L’économie de 300 à 500 millions d’euros d’argent public nécessaire au projet de Décines, rencontre un écho favorable auprès [de l’] opinion publique. »

Même son de cloche chez les Verts qui appellent la mairie à profiter de cette organisation pour réaménager Gerland. Tout comme les Gones pour Gerland, un collectif regroupant une trentaine d’associations, qui affirme que « le bon choix pour Lyon est le renforcement du grand stade de Gerland. Il peut être rénové et, si nécessaire, porté à plus de 50 ou 55 000 places, comme l’ont montré deux études de cabinets d’architectes, initiées en 2005 et en 2007 » et dénonce « la gabegie de finances publiques (plus de 400 millions) qui serait entraînée par le projet. »

Quant à Jean-Michel Aulas, après avoir chaleureusement félicité son équipe féminine pour son parcours en Ligue des champions, il a tâché... de ne rien dire au sujet du Grand stade. Finalement, Gerland agrandi et modernisé aux frais de l’Etat pourrait peut-être lui convenir.

Publié le : vendredi 28 mai 2010, par Michael Augustin