L’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit préfère lui tempérer. « Je vais mettre un peu de réalisme dans la soupe » commence-t-il son discours. Pour vite rappeler que les sondages s’étaient lourdement trompé à leur égard aux européennes. « Si j’avais dit avant, qu’on allait faire jeu égal avec le PS, ils m’auraient pris pour un fou », plaisante-t-il. Mais Dany préfère les bonnes nouvelles aux mauvaises et préfère donc faire profil bas. Il explique que l’objectif de son parti n’est pas de remporter une ou plusieurs régions mais de faire un bon score pour s’implanter comme troisième force politique et « peser dans la transformation du pays ». Après les bons résultats d’Europe Écologie aux européennes, il veut que son parti soit « l’alternative de l’alternance », et devienne incontournable dans le paysage politique français.
En campagne en région lyonnaise depuis le milieu de l’après-midi, Daniel Cohn-Bendit était d’abord annoncé pour un match de foot contre des jeunes du quartier de la Grapinnière à Vaulx-en-Velin, en compagnie de la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot et du député Noël Mamère. Récemment opéré de la hanche, Dany se contente de donner le coup d’envoi, puis passe la durée du match au bord du terrain à répondre aux nombreuses sollicitations des journalistes. En compagnie de Philippe Meirieu, qui ne joue pas non plus. Les deux autres verts n’arrivant qu’après la bataille, ce sont finalement Véronique Moreira, tête de liste dans le Rhône et Elvan Uca, militant vaudais, qui chaussent les crampons, secondés par quelques autres candidats de la liste. « Ils sont bons », avait prévenu Elvan Uca avant le match, à propos de leurs adversaires. Le score, 2-0 pour les jeunes, est finalement moins sévère que redouté.
Pendant ce temps, Daniel Cohn-Bendit, qui se revendique « conseiller pédagogique de la campagne », taquine quelques gamins, leur prédit une défaite de l’OL contre le Real Madrid. « C’est quoi le rapport entre le foot et vos élections ? », l’interpelle Choukri, 16 ans, en première année de bac pro mécanique. Dany déroule alors son argumentaire : « On est là pour dire que dans les banlieues, il n’y a pas que des voitures qui brûlent. Pour parler de votre quotidien et expliquer pourquoi il faut voter aux régionales ». Aux journalistes, il avait dit un peu plus tôt, qu’il veut que l’on parle de Vaulx-en-Velin « sans dire que c’est tous des assassins ». Philippe Meirieu expliquera un peu plus tard l’intérêt des élections, face à une centaine d’habitants rassemblés à la salle communale : « Savez-vous combien vaut un lycée en nombre de kilomètres d’autoroute ? 2 kilomètres. Alors, vous allez voter soit pour ceux qui veulent construire des lycées, soit pour ceux qui veulent construire des autoroutes. » Un peu simple, l’argument fait néanmoins mouche.
Un peu plus tôt, en conférence de presse, Daniel Cohn-Bendit avait clamé : « quand j’ai été maire de Francfort de 1989 à 1995, j’étais en charge de l’immigration dans une ville qui compte 32% d’immigrés. Aller sur des terrains de foot, j’ai fait ça quotidiennement », balayant ainsi les critiques du Front de gauche, qui voit dans sa venue une « opération médiatique du star-système ». Et pour montrer qu’il sait encore tacler, il aligne les bons mots sur ses adversaires politiques : « le problème du MoDem, c’est qu’il n’est pas sûr de dépasser les 5% (pour pouvoir fusionner, ndlr). Il est fascinant comment le MoDem s’est dégonflé à ce point. Si on arrivait à faire disparaître les déchets nucléaires aussi vite que le MoDem, le problème du nucléaire trouverait une solution rapide. » Et sur Georges Frêche : « En Sicile, on ne peut pas lutter contre la mafia. En Languedoc-Roussillon c’est pareil. Contre le parrain, vous ne gagnez pas. »
Puis, vers 22h45, alors que le meeting de Francheville s’achève, Daniel Cohn-Bendit redemande le micro, car entretemps le résultat du match OL-Real était tombé, faisant mentir ses pronostiques. « Si ce soir Lyon a pu battre le Real Madrid, alors Europe Écologie peut gagner la région Rhône-Alpes ! »