12h. Une petite dizaine de personnes, rassemblées autour du vice-président régional Philippe Meirieu, attendent à la gare Part-Dieu l’arrivée d’Eva Joly. Un accueil chaleureux en petit comité, par des militants enjoués et accrochés à leurs portables. « Elle arrive, elle arrive », « elle descend du train », hurlent-ils dans l’écouteur. L’ambiance est joviale, Eva Joly rit à la vue du t-shirt d’un des militants, sur lequel sont imprimées ses fameuses lunettes rouges.
L’escouade se pose à quelques centaines de mètres de la gare, au restaurant Soline, un établissement bio et végétarien, qui cuisine des produits issus en partie de circuits courts. En matière d’écolo-compatibilité, on ne fait guère mieux à Lyon. Dès son arrivée au restaurant, elle se lance. Les lunettes rouges toujours à portée de main, elle défend de grandes valeurs : « seule une politique volontariste peut remédier à l’insupportable injustice et la souffrance qui est celle de mes compatriotes. Il faut une société pacifiée et plus juste ». Un discours qui fait mouche auprès d’un public de convaincus.
« Beaucoup de gens se sont inscrits (au parti, ndlr) pour moi. Je suis sereine et pleine d’espoir », affirme-t-elle à qui veut l’entendre. Tout en restant consensuelle : « C’est une erreur d’attaquer Hulot […]. Je pense que les attaques sont totalement inefficaces ». Une communication politique rodée. Les militants sont sous le charme. « Elle incarne le plus nos valeurs », s’exclame l’un d’entre eux.
Après le déjeuner, la candidate aux primaires s’en va rencontrer « le tissu associatif à Vaulx-en-Velin, pas forcément écolo, mais à caractère social », explique Elvan Uca, conseiller régional Europe Écologie – Les Verts. L’occasion pour Eva Joly de montrer que le programme qu’elle incarne ne se résume pas aux petites fleurs.
L’étape suivante l’amène dans une petite librairie de quartier à Villeurbanne, qui se veut « à taille humaine et proche de ses clients », selon la libraire, pour une séance de dédicaces. Le petit magasin est plein à craquer de fans d’Eva Joly. Des exclamations comme « elle est hyper forte Eva Joly » et « bon courage à elle » fusent dans une salle par ailleurs silencieuse et bien climatisée. Et tant pis pour le bilan carbone.
Dernière étape de la journée : les locaux d’Europe Écologie les Verts, dans le premier arrondissement pour une rencontre avec les militants. Suite à une introduction où sont répétés et défendus les principes de « développement économique sociale et solidaire », chose pour laquelle « nous ne pouvons pas attendre », Eva Joly répond, visiblement fatiguée et hésitante aux questions de son audience. A la question sur les cinq grands axes de son programme, elle cite la légalisation du cannabis et le mariage homosexuel en numéro 3 et 4.
L’eurodéputée revient à plusieurs reprises sur son inexpérience en politique, affirmant qu’elle compte s’appuyer « sur ceux qui sont déjà là », et admet en riant que « certains sont plus compétents que moi ». Les traits tirés, Eva Joly se révèle alors petit à petit sous un nouveau jour : celui d’une grand-mère. Une grand-mère qui cite son petit-fils et dont le français est parfois approximatif. Comme quand elle affirme qu’« en Norvège, s’il y a de l’harassement fait aux employés, le chef d’entreprise est viré ».
Pas de quoi néanmoins entamer l’enthousiasme de ses partisans, toujours prêts à faire bloc si nécessaire. « Mais laissez-la répondre à votre question ! », s’exclament-ils tous ensemble, coupant la chique à un écologiste indépendant trop pointilleux sur les chiffres de leur championne. Est-ce que cela suffira pour remporter la mise face à Nicolas Hulot, qui viendra jeudi à Lyon ? Réponse le 24 juin à minuit.