Gérard Collomb n’aurait pas pu mieux choisir la date pour présenter, ce mardi 21 juin, son plan Oxygène censé rendre l’air lyonnais plus respirable. La veille, l’agence Santé publique France avait publiée une étude sur les conséquences sanitaires de la pollution dans l’Hexagone. Selon elle, les polluants atmosphériques tuent 48 000 Français par an, ce qui en fait la troisième cause de mortalité après le tabac et l’alcool.
Et Lyon, deuxième ville française la plus polluée selon l’association Robins des bois après Marseille mais devant Paris, ne fait pas exception à la règle. Selon les conditions météorologiques, les seuils de pollution y ont été dépassés entre 31 jours (2014) et 65 jours (2011) par an, ces cinq dernières années, soit un à deux mois sur douze.
Déclasser l’autoroute
Face à ce constat, le président métropolitain promet « une politique ambitieuse ». En comptant tout d’abord sur le déclassement de l’autoroute A6/A7 qui doit permettre de réduire le trafic sur cet axe de 111 000 véhicules aujourd’hui à 70 000, notamment grâce à une meilleure signalisation pour écarter le trafic en amont. De quoi permettre de créer des voies réservées aux bus et de planter quelques arbres d’alignement. En revanche, le réaménagement de l’autoroute en boulevard urbain, bordé de trottoirs et de pistes cyclables ne se fera que « dans un troisième temps », c’est à dire après 2020.
Puis, Gérard Collomb compte s’attaquer aux poids lourds de transit auxquels il souhaite interdire l’accès au tunnel de Fourvière. Avant de créer une « zone à faibles émissions » interdite aux utilitaires les plus polluants. Sans toutefois donner plus de détails ni sur l’étendu de cette zone ni les véhicules concernés. « On va avoir une discussion avec les représentants des professionnels de transport », s’est contenté d’indiquer le maire de Lyon, qui prévoit d’instaurer cette zone « progressivement » entre 2017 et 2020.
Parmi les autres mesures, on compte une prime pour remplacer les vieilles chaudières au bois par des foyers estampillés flamme verte, censés être jusqu’à 30 fois moins polluants. Huit pourcent des métropolitains se chauffent au bois, notammant dans les zones périurbaines, selon le comptage de l’agence Air Rhône-Alpes-Auvergne.
Un guide des bonnes pratiques
Puis, une campagne d’affichage a été lancée le 22 juin, incitant les habitants à la marche à pied et au vélo. Doublée par un « guide des bonnes pratiques sur la qualité de l’air », a annoncé Gérard Collomb.
En revanche, contrairement à Paris qui interdit toutes les voitures d’avant 1996, « les particuliers ne sont pas visés », assure le président du Grand Lyon. Et ceci alors qu’ils y sont pour la moitié de la pollution due aux transports.
La France devra payer
La France est sous la menace d’une lourde amende pour non respect des seuils de pollution. « Les sanctions devraient tomber », prévient Marie-Blanche Personnaz, la directrice d’Air Rhône-Alpes-Auvergne, soit quelque 100 millions d’euros par an. Un montant dont la Métropole lyonnaise pourra à avoir à assumer sa quote-part. Une amende certes lourde mais « pas très importante comparée au coût sanitaire », se désole la directrice.