Transféré dans la nuit à la Direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ) de Lyon, où il a été interrogé, Toni Musulin refuse de répondre aux questions des enquêteurs. « Il ne parle absolument pas », explique le procureur. « Il n’a pas reconnu le vol, pas plus qu’il n’a dit ce qu’il a fait depuis sa fuite, ni où sont passés les 2,5 millions d’euros qui n’ont pas été retrouvés », poursuit le magistrat qui a demandé que le convoyeur soit placé en détention provisoire en raison de sa fuite et le risque qu’il détruise des preuves.
« L’enquête peut se faire même si l’intéressé refuse de coopérer », rassure néanmoins le procureur. Ainsi, on en sait déjà plus sur les circonstances de sa cavale. Après avoir caché le gros du butin dans un box dans le 8ème, il a quitté Lyon à bord d’une moto, qu’il avait louée début novembre. La même avec laquelle il s’est rendu à la police monégasque. Elle n’affichait pas « un kilométrage extraordinaire », affirme Xavier Richaud. Bien qu’« aucun élément ne [permette] de rattacher sa fuite à un quelconque pays », aux dires du procureur, les enquêteurs pensent qu’il se soit rendu en Italie, pays de l’espace Schengen, où le passage des frontières est « relativement facile » du fait de l’absence de contrôles. « Tous les éléments sont vérifiés heure par heure », assure le procureur de Lyon, qui refuse de se prononcer sur les motifs de la reddition du suspect : « est-il revenu en France pour être tranquille et pouvoir utiliser l’argent caché après avoir purgé sa peine ? Lui seul pourra nous le dire. » Si cela est le cas, les moyens juridiques de lui faire rendre le butin sont minces.
Autre difficulté, le temps joue contre les enquêteurs. La détention provisoire de Toni Musulin, proportionnelle à la peine encourue et en l’absence d’antécédents, est limitée à quatre mois. « C’est le problème », reconnaît Xavier Richaud. Ainsi, rien qu’une réquisition financière, nécessaire pour examiner à la loupe les mouvements d’argents sur les comptes du suspect, peut prendre un à trois mois. Quant à l’enquête sur d’éventuels passages à l’étranger de cet homme d’origine serbo-croate, la police judiciaire nécessite la délivrance d’une commission rogatoire. Une procédure longue.
La Ferrari en Serbie ?
C’est pourtant en Serbie que réside probablement la solution d’une autre énigme, celle de la disparition de la Ferrari du convoyeur. Ainsi, en mai dernier, Toni Musulin s’est rendu en Croatie et en Serbie à bord de sa voiture de luxe, mais il est rentré sans. Avant de déclarer dans un commissariat aux Echelles (73) un vol qui se serait produit dans l’Ain. Devant autant d’incohérences, son assurance qui a diligenté une enquête, a refusé de payer. Cette histoire vaut néanmoins au suspect d’être inculpé en plus pour tentative d’escroquerie. La peine maximale qu’il encourt passe ainsi de trois à cinq ans.