Premier acte. Mardi soir, Fabienne Faure, désignée tête de liste dans l’Ain, jette l’éponge. Toutefois, la nuit ayant porté conseil, et après l’insistance des dirigeants nationaux, elle est à nouveau candidate mercredi. « J’ai eu de François Bayrou et Marielle de Sarnez des garanties sur ce qu’on faisait et je reste », explique-t-elle son revirement. En revanche, Véronique Drouet, pressentie pour être tête de liste en Haute-Savoie est bel et bien remplacée par son second Antoine Vieillard. Elle figurerait toutefois toujours sur la liste... en dernière position.
Deuxième acte. Également mardi, un courriel arrive dans les rédactions lyonnaises, envoyé sous le nom du conseiller municipal et général Thomas Rudigoz, mais expédié à partir d’une boîte yahoo, nommé zouzoupresident. « Les listes se font dans la douleur. Il n’y a ni campagne, ni financement, au delà des frais du candidat qui refuse les débats et qui a pris une voiture avec chauffeur payée par le MoDem », peut-on y lire. Faux grossier, le courriel réussit néanmoins à tromper la vigilance de certains confrères. Dans un communiqué, diffusé mercredi après-midi, Thomas Rudigoz, le vrai, conseiller spécial d’Azouz Begag, accuse « les personnes à l’origine de cette falsification [d’avoir] utilisé mon nom afin de salir mon image et nuire à la campagne du Mouvement Démocrate ». Et annonce sa volonté de saisir le Procureur de la République. Le site du Nouvel obs rapporte qu’Azouz Begag compte, lui aussi, porter plainte.
Troisième acte. Quelques heures plus tôt, Eric Lafond, vice-président de la fédération du Rhône, écarté de l’équipe Begag, réunit la presse pour dire tout le mal qu’il pense de la façon dont l’ancien ministre mène campagne et dit craindre qu’il n’y ait pas de liste. Il annonce avoir envoyé un courrier à François Bayrou, au titre explicite « clause de conscience, droit de retrait » et signé par des responsables de section, pour dénoncer une ligne politique « peu claire ». Quelques heures plus tard, Philippe de Longevialle, président de la fédération de l’Isère et écarté de la tête de liste dans son département (et ayant refusé la troisième place) lui emboîte le pas. Dans un communiqué il énumère ses griefs : « plus d’équipe ou presque, pas de projet, peur du débat contradictoire en interne et avec ses concurrents, refus de vote des adhérents, des déclarations à l’emporte pièce et des caprices d’enfant gâté ».
Quatrième acte. C’est au tour de Gilles Vesco de se désolidariser de l’ancien ministre à l’égalité des chances. Sur son blog, le vice-président au Grand Lyon déclare que « Azouz Begag n’a plus mon soutien politique ». Sa prise de position sur le site de Libération en faveur de Dominique de Villepin auraient été « la déclaration de trop ». Le Monsieur Vélo’v craint une « dérive droitière du Modem ».
Cinquième acte, le débat organisé mercredi soir par Carrefour de la république, une association proche du parti orange, avec la participation du fondateur de Marianne Jean-François Kahn. Azouz Begag y a fait du... Azouz Begag, mélange emphase et improvisation. Ce qui ne passe finalement pas trop mal auprès de l’audience. Les (rares) prises de parole du candidat sont généralement applaudies. Et critiquées par les autres têtes de liste. Ainsi, un discours d’Azouz Begag commence généralement par un grand laïus sur lui-même, l’homme qui a dit non à Sarkozy. « Nous ne sommes pas ici pour décliner nos parcours personnels », lui rappelle Jean-Jack Queyranne. Puis, quand l’ancien ministre réclame « un stage pour chaque Rhônalpin », c’est Elisa Martin du Front de gauche qui lui vole dans les plumes en estimant que « après le Smic jeunes et le CPE il faut avoir d’autres ambitions pour les jeunes ».
« Surpris » et « décalé » se disait l’ancien ministre à l’issu du débat, avec son air faussement naïf si caractéristique. Il faut dire que, ayant boudé les deux premières réunions de têtes de liste, il n’était ici qu’à son tour de chauffe, alors que ses contradicteurs avait d’ores et déjà pu roder leur discours. Anne Pellet, numéro 4 sur la liste orange dans le Rhône, qui avait assisté au spectacle, tente de se rassurer en invoquant le patinage : « des figures imposées ne sont pas son truc. On l’attend sur des figures libres où il est bien meilleur. »
Plus tôt, sur le plateau de France 3, le candidat du parti bayrouiste avait dessiné les contours de sa campagne décalée : « pas de salle, pas de meeting. Je vais prendre un tabouret, partout où je vais aller en Rhône-Alpes. Je vais monter dessus et parler aux gens directement. »