« Les gens ici sont fatigués », soupire Céline Eyquem, l’une des porte-parole de la friche. Car si les préparatifs du déménagement n’avancent guerre, les réunions, elles, s’enchaînent. L’objectif des pourparlers s’apparente néanmoins à une quadrature du cercle : faire rentrer les occupants de l’actuelle friche dans des locaux 10 fois plus petits. Du coup, la mairie tranche dans le vif. Exit tous ceux qui n’ont pas déposé de « projet » artistique à la mairie. 19 collectifs avaient fait cette démarche. Il n’en reste plus que 5 ou 6, soit tout de même encore quelque 150 artistes. Ensuite, ceux qui avaient choisi la friche comme lieu d’habitation, soit une cinquantaine de personnes, sont priés de poser leur baluchon ailleurs.
Enfin, pour les heureux élus, la mairie essaie d’organiser une rotation, pour réussir à caser tout le monde. Sans trop de succès pour l’instant, car les problèmes sont légions : l’insonorisation des salles de répétition, les horaires (le nouveau site est censé fermer la nuit), la répartition des espaces etc. « Une usine à gaz », soupire-t-on au cabinet de Georges Képénékian, l’adjoint à la culture qui a hérité du dossier.
Les dates limites se succèdent
Ces derniers mois ont été le théâtre d’un concours d’effet d’annonces de la part de la mairie. Initialement, les artistes avaient pour ordre de quitter les lieux le 31 juillet. Une date purement fantaisiste, puisque le site de rechange de la rue Lamartine n’appartient à la ville que depuis le 1er septembre. Puis, compte tenu de sa petite taille, « d’autres sites » devaient émerger, à Tarare par exemple. Rien ne s’est concrétisé à ce jour.
« Il reste à sécuriser le lieu et à le mettre aux normes », a précisé Georges Képénékian, à l’occasion d’une visite de l’usine Lépine en juillet. Mais impossible de connaître la nature des travaux à effectuer dans cet immeuble, ni leur durée. « Soyez rassuré que tout sera aux normes quand les artistes aménageront », se contente d’affirmer Dominique Mancini, la directrice de cabinet de l’adjoint à la culture. Selon Thierry Philip, maire du 3ème, interrogé fin août par la Tribune de Lyon, aucun calendrier n’était alors encore défini pour les travaux.
La friche sur surveillance
Depuis le 18 août, police et vigiles privés patrouillent aux alentours de la friche afin de filtrer les entrées et sorties. Suite à une brève occupation du parking par des familles Roms, la mairie a fait poser 2 rangée de blocs en béton (photo), condamnant l’accès aux espaces extérieurs.
Une fois les frichards partis, la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône (SEPR) qui occupe déjà la partie sud du tènement, doit récupérer le reste du terrain pour y installer un campus de la formation professionnelle. La SEPR qui accueille 3000 élèves qu’elle forme à 65 métiers différents, est actuellement éclatée sur 3 sites. D’ici à la rentrée 2012, elle souhaite regrouper tous ses élèves sur un seul et même campus. 10 000 m² supplémentaires devront alors être construits sur le terrain de la friche, qui s’ajouteront aux 30 000 m² existants. Pour respecter ce calendrier, le chantier doit impérativement commencer au premier trimestre 2011. Or, les travaux préparatoires, prévus cet été, n’ont pu être menés que partiellement, du fait de la présence des frichards.