« Les identitaires ne tromperont personne, ils ont modifié la forme mais le fond reste le même : cette manifestation vise toujours à stigmatiser les musulmans de France », se sont indignées SOS Racisme, la Licra et la Ligue des droits de l’homme, qui avaient demandé l’interdiction du rassemblement. Interdiction qui leur a donc été refusée. « Nous prenons acte de la décision du préfet », commente sobrement Stéphane Gomez, président fédéral de la Ligue des droits de l’homme. « Nous demandons au préfet d’agir avec la plus grande fermeté s’il y a des zozos qui s’amusent à sortir des masques de cochon », ajoute Patrick Kahn, directeur Rhône-Alpes de la Licra.
Dans un appel signé par une trentaine d’organisations, les opposants s’inquiètent « de nombreuses agressions perpétrées par les groupuscules de l’extrême droite », avec comme « bilan pour les seules agressions connues et recensées : une jambe cassée, de multiples fractures à la mâchoire, coups de batte de baseball à la tête, coups de cutter, soit 230 jours d’Incapacité totale de travail et des séquelles à vie, pour certains des agressés ».
Du côté des identitaires, on jubile. « Il s’agit d’une véritable victoire politique », se félicitent les organisateurs dans un communiqué. « Il est vrai qu’il était difficile d’interdire un rassemblement pacifique pour la défense de la liberté d’expression. » Les identitaires attendent quelques 600 participants, venus des quatre coins de la France. Soit toutefois beaucoup moins que les 2000 manifestants lyonnais qui ont défilé le 9 avril dernier contre le fascisme et le racisme.
Joutes graphiques
Le ton monte entre les deux groupes. Pour l’instant cela reste graphique. Le petit cochon rose de la marche identitaire se trouve désormais emprisonné derrière des barreaux pour symboliser la privation de liberté d’expression dont les identitaires s’estiment victimes. En face, on répond par un Obélix tout gaillard participant à « une grande battue afin de contrôler l’espèce et de préserver la faune sauvage », une « battue de capture avant réintroduction en milieu naturel au cœur du massif central ». Beaucoup moins humoristique, un autre visuel représente des bouchers vidant un cochon indiquant « ils sont cochons, soyons bouchers ».
Une escalade verbale qui alerte jusqu’à dans les rangs du Centre National des Indépendants et Paysans (CNIP). Antoine Aupetitallot de Chemellier, son animateur local, s’alarme dans un communiqué « d’une escalade de la violence qui doit cesser afin de garantir la sécurité des Lyonnais ». « Les appels publics et répétés à la violence physique de groupuscules d’extrême gauche devraient être combattus avec la même virulence par les pouvoirs publics », poursuit ce chasseur à courre notoire, localement connu depuis sa prise de bec avec Noël Mamère. « Nous ne pouvons pas laisser s’installer une situation de deux poids, deux mesures », conclut-il.