« Jean-Michel Aulas (Olympique Lyonnais) et Shi Zhengrong (Suntech Power) feront une annonce importante au sujet du stade des Lumières », annonçait sobrement une invitation presse adressée samedi après-midi aux rédactions. Un sujet qui galvanise les journalistes à en juger par le nombre de confrères rassemblés et la forêt de caméras installées un dimanche matin dans les locaux de l’OL TV (Lyon 7ème).
Le timing a été imposé par l’agenda du Pdg de Suntech Power. « Nous sommes heureux d’avoir Monsieur Shi Zhengrong avec nous pour cette annonce importante », a déclaré le président de l’OL de façon liminaire. « Nous aurions bien évidemment aimé qu’il reste un peu plus longtemps à Lyon, par ce beau temps ensoleillé, mais son emploi du temps ne le lui permet pas. »
Et d’annoncer que l’OL Land, devenu le Grand stade puis le Stade des Lumières, s’appellera désormais Suntech Power Stadium. Un accord qui permet d’associer l’image du club au leader mondial dans le domaine des modules photovoltaïques (1,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires) . Un contrat d’une durée de 15 ans, selon lequel l’entreprise chinoise sera également le sponsor principal affiché sur les maillots lyonnais lors de tous les matchs à domicile, tant en Ligue 1 qu’en Europe.
Quant au Pdg de Suntech Power, après avoir tenté un « Bonjour Mesdames et Messieurs, je suis très honoré d’être parmi vous » en français, il a souligné l’importance que ce contrat représente pour son groupe. « Suntech croit profondément à l’essor du marché français, mais selon nous, cet essor doit être activement soutenu par les acteurs de la filière. Notre présence renforcée en France s’inscrit dans cette ligne stratégique », a déclaré Shi Zhengrong.
L’OL s’allie au leader mondial du photovoltaïque
Numéro 1 du secteur, avec une production de 1572 Mw en 2010, Suntech Power compte 12 500 collaborateurs dans plus de 80 pays dans le monde et réalise 75% de son chiffre d’affaires en Europe.
Et le choix de Lyon est loin d’être un hasard, à l’en croire le Pdg de l’entreprise. Car Suntech Power a installé son QG européen à Schaffhausen (Suisse) et son siège français à Montbonnot (Isère). L’Olympique Lyonnais s’imposait alors non seulement par sa dimension européenne mais aussi par sa proximité géographique.
Selon un cadre du club lyonnais, qui a participé aux négociations, la conclusion du contrat a été précipitée par l’effervescence suscitée par le cas Photowatt. Ce concurrent berjallien a dû déposer le bilan en novembre 2011, avant de renaître en se faisant racheter par EDF. Utiliser l’image positive dont l’OL jouit dans la région et en France, est alors un bon moyen pour les Chinois de couper l’herbe sous le pied de cet encombrant concurrent local.
La France accuse du retard
Si 90% des panneaux solaires installés en France sont déjà d’origine chinoise, le marché français représente toujours un potentiel énorme. La France s’est engagée, dans le cadre européen, à atteindre en 2020 une part de 23 % d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique. L’énergie solaire, inépuisable et non polluante, est l’une des pièces maitresses de tous les scénarios énergétiques.
Depuis la catastrophe de Fukushima, il n’y a ainsi plus guère que l’UMP pour soutenir le nucléaire, largement décrié pour sa dangerosité. Quant à l’éolien, les projets butent souvent sur l’hostilité des riverains, en raison de la gène visuelle. Seul le solaire semble être unaniment accepté et dispose d’un terrain de jeu immense : toutes les toitures de France.
OL Land : les travaux pourront démarrer
L’accord conclu ce samedi, est une excellente nouvelle pour l’OL. Car, après avoir franchi tous les obstacles administratifs et obtenu le permis de construire le 3 février dernier, le club manquait cruellement de sous pour réaliser son ambitieux projet. Après deux années dans le rouge (-35 millions d’euros en 2009/2010 et -28 millions en 2010/2011), les caisses sont désespérément vides.
Si l’accord signé avec Vinci a permis de financer la moitié de ce projet estimé à 450 millions d’euros, restait à trouver l’autre moitié. Les 120 millions apportés par l’entreprise chinoise permettront donc de démarrer les travaux et de terminer sereinement les négociations avec un pool d’une dizaine de banques européennes, qui doivent avancer le reste.
Il ne reste donc plus à l’OL que de faire rayonner la filière photovoltaïque. A moins que ce ne soit l’inverse.