« C’est simple : tu prends Godzilla et tu lui fais affronter King Kong ou bien le robot géant de Transformers. C’est génial ! » s’enflamme Jérémy, 22 ans lorsqu’il explique les règles du jeu de figurines Monsterpocalypse. Un profane entrant dans une salle de jeu remplie de rôlistes doit en effet s’attendre à y entendre quelques répliques surréalistes.
Difficile de ne pas sourire en découvrant le jeune homme à la tête d’une armée de dinosaures ou bien de ninjas de l’espace, détruisant une ville miniature. « Je vais ressortir mes martiens tu vas voir ! » lance-t-il dépité à son adversaire du jour après deux défaites. Tout à coup, son téléphone vibre. Sa femme commence à trouver le temps long. Pour Jérémy il est temps de retourner à la réalité.
Pour cet étudiant en musicologie, le jeu de rôle s’avère surtout un bon moyen de décompresser. « J’étais en partiels jusqu’à la semaine dernière alors je me détends un peu. » Il dit ne pas être accro « tant que ça » aux jeux de rôle, même s’il fréquente la salle de jeu de Trollune (25 rue Sébastien Gryphe, Lyon 7ème) de manière assidue. Marié depuis peu, il s’interdit toutefois de dilapider l’argent du ménage en figurines et autres jeux de cartes, même si « parfois ça me démange. »
Un univers de passionnés
Avec des parties pouvant durer plusieurs heures d’affilée, les jeux de rôle se révèlent un loisir très demandeur en temps. Compliqué de s’adonner à sa passion lorsqu’on a un travail à plein temps, a fortiori avec une famille. Charles Trécourt, le propriétaire de Trollune, l’admet volontiers : « entre le magasin et la naissance de mon fils, cela fait bien un an que je n’ai pas joué à quoi que ce soit. »
Autre problème majeur : l’argent. Même si tous les jeux ne sont pas onéreux, certains peuvent demander un investissement considérable. « Entre les figurines, la peinture, les pinceaux et les kits de modélisme, j’avoue que j’ai renoncé à compter à combien revient une armée dans Warhammer 40 000 », explique Yannick, l’un des vendeurs du magasin, « ce n’est clairement pas à la portée de toutes les bourses. »
Cela se constate d’ailleurs en observant les pratiquants de Warhammer, un jeu de bataille fantastique. Plus âgés que la plupart des joueurs, ils apparaissent également plus sérieux. Chaque partie est montée avec un soin extrême, à la mesure du temps et de l’argent passés à collectionner, assembler et peindre chaque figurine. Un véritable travail d’orfèvre.
Moins chères mais tout aussi complexe à jouer, les cartes donnent lieu à des parties endiablées. Là encore, difficile de comprendre les règles sans une connaissance préalable de l’univers dont le jeu est issu. D’autant plus que, fins connaisseurs, les joueurs expérimentés ont en général lu les livres et vu tous les films en rapport avec le jeu.
Chaque partie devient ainsi l’occasion de plaisanteries référentielles. Car plus que le jeu lui-même, les rôlistes veulent tout savoir de l’univers qui lui est rattaché.
Charles a ainsi aménagé un espace librairie dès l’ouverture de Trollune car : « il est essentiel pour moi de proposer tout ce qui peut être en rapport avec l’imaginaire. C’est d’autant plus important de proposer ces livres que beaucoup de jeux sont inspirés d’œuvres littéraires. »
De nombreuses références
Si l’heroic fantasy reste l’univers le plus largement représenté dans les jeux de rôle, d’autres références ont fait leur apparition au fil du temps et des modes. La littérature d’horreur a ainsi servi de modèle à bon nombre de jeux dont le plus célèbre reste l’Appel de Cthulhu qui célèbre ses 30 ans cette année. Ce dernier est inspiré de l’œuvre de l’écrivain américain H.P. Lovecraft. Dans le même registre, Vampire la masquerade compile les acquis de toute la littérature vampirique du XXe siècle.
La science-fiction n’est pas en reste avec la série des Warhammer 40000. Ce jeu de figurines depuis décliné en jeu de rôle classique offre aux participants de créer leur propre armée d’extraterrestres et de conquérir un empire galactique.
La référence du genre pour le grand public reste toutefois Donjons & Dragons, créé dans les années 70 par E. Gary Gygax et Dave Arneson. Le jeu propose aux participants d’incarner un personnage, combattant, magicien ou clerc, luttant contre des monstres dans un univers médiéval fantastique. Il est adapté de jeux de simulations de bataille (ou wargames), très populaires aux États-Unis dans les années 70. Donjons & Dragons était le premier jeu commercialisé sous le nom de jeu de rôle et ses règles servent encore de base pour les systèmes de jeu actuels.
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