Boîtes de nuit, saunas et hammams, nombreux sont les espaces où les libertins peuvent s’adonner aux plaisirs de la chair. En deux mois, quatre établissements supplémentaires ont ouvert leurs portes. Une offre qui s’adapte au phénomène grandissant. On estime aujourd’hui qu’un couple sur dix a déjà fréquenté un club échangiste dans la région lyonnaise. Des époux quadragénaires aux petits jeunes au look bon chic bon genre, la planète échangiste tend à se diversifier et les pratiques suivent. Triolisme, échangisme, mélangisme, exhibitionnisme ou sadomasochisme, un tas de nouveaux comportements sexuels émergent.
Une sélection rigoureuse
Voilà dix ans que Dani fréquente le milieu libertin. Ancien patron d’une boîte de nuit, il a poussé le vice plus loin en mai 2006 en reprenant le Diamant, un des clubs incontournable de la capitale des Gaules. La quarantaine, célibataire et sans enfant, le libertin se complaît dans cet environnement décomplexé où « tout est autorisé mais où rien n’est obligatoire », le plaisir avant tout, mais aussi le respect ! Pour son club, Dani a opté pour un cadre intimiste de 75m2 en plein cœur du quartier Saint-Just.
Chaque soir, les noctambules dévergondés sont triés sur le volet. Au Diamant, pas de videur, c’est le patron lui-même qui se charge de la sélection rigoureuse. « A la différence, des grands complexes, je peux faire une sélection de meilleure qualité », explique le gérant. Jupe ou robe pour les dames, tenue de ville pour les hommes. Chaque soir, il ne fait entrer qu’une quarantaine de personnes. Des couples, des femmes et des hommes seuls. Dani discute avec les personnes avant de faire le choix de les laisser entrer ou non. « Je leur demande pourquoi ils veulent venir. Si c’est un mec qui vient juste pour baiser, c’est non, même chose s’il est bourré », insiste le libertin. Le gérant précise du même coup qu’un club libertin est avant tout un lieu de fête et de rencontres au même titre que les boîtes de nuits traditionnelles, et « plus si affinités » ...
Des riches dévergondés
Au Diamant, on trouve des profils sociaux très différents. L’âge varie entre 25 et 50 ans, avec une prédominance de quadra et de couples, et la clientèle est différente en fonction des soirées proposées. « Il y a tout de même un bon noyau d’habitués », note Dani. La planète libertine séduit aussi les jeunes d’une vingtaine années qui ont soif de rapports avec des partenaires multiples ou des personnes plus âgées.
En revanche, si la clientèle se renouvelle au niveau de l’âge, le milieu libertin reste très prisé par les classes supérieures. « Beaucoup de médecins, d’avocats ou de cadres fréquentent mon club », assure Dani. Les tarifs d’entrée ne sont d’ailleurs pas des moindres : 30 euros pour les couples et 65 euros pour les hommes seuls. Les femmes seules, cependant, ne déboursent pas un seul centime. Une bonne stratégie puisque Dani affirme que de plus en plus de femmes s’aventurent en solo dans les clubs. Une fois que les clients franchissent la porte de l’établissement coquin, tout est permis…
Nouveaux comportements sexuels et pratiques tendances
Dans ces établissements, toutes les pratiques sont autorisées hormis « le sadomasochisme hard et les délires scatologiques », nuance le gérant du Diamant. Chaque soir une pratique sexuelle est mise au goût du jour pour que tout le monde y trouve son compte. Deux « chambres » en marge de la piste de danse et du bar sont à disposition des personnes désireuses d’avoir des rapports sexuels. De même, des douches, des lingettes intimes et des préservatifs sont en libre service.
Parmi les pratiques les plus en vogue, le triolisme. Les plus adeptes, les couples venus donner « un second souffle à leur relation, se faire une deuxième jeunesse », souligne Dani. Le plus souvent, ils choisissent un homme seul pour participer à leurs ébats, parfois ils viennent accompagnés d’un homme ou d’une femme. Une tendance qui attire aussi les jeunes. Car si ce monde séduit la jeunesse, c’est parce que « le sexe à plusieurs, c’est à la mode », souligne le gérant du Diamant. Autres pratiques qui ont le vent en poupe, le candaulisme, un jeu sexuel où l’homme regarde sa compagne coucher avec un autre, ainsi que les gangs bangs. Il y a aussi le mélangisme, forme de sexe en groupe sans pénétration avec une autre personne que son partenaire. Le SM ou les jeux de soumission connaissent un réel regain d’intérêt également.
La bisexualité continue de surfer sur la vague. Néanmoins, avec quelques variantes. Si les rapports entre femmes sont depuis longtemps dans les mœurs, les pratiques bisexuelles masculines gagnent du terrain dans un milieu à l’origine peu complaisant avec l’homosexualité. « Maintenant, les hommes n’hésitent plus à avoir des rapports sexuels entre eux. C’est devenu fréquent », atteste Dani. Un constat explicité par une étude réalisé par le sociologue Daniel Welzer-Lang qui estime qu’un homme sur trois côtoyant ce milieu est bisexuel.
Cependant si la plupart des clients finissent par avoir des rapports sexuels, beaucoup « ne font rien », selon Dani. Un moyen détourné pour dire que le voyeurisme est toujours tendance. « Ce n’est pas qu’un baisodrôme », conclut le libertin.
Lire aussi :
– Végétaliens : « On n’est pas des bouffeurs de carottes »
– La Scientologie, une entreprise ultra profitable
– Mormons : prosélytes et bons samaritains
– Jeux de rôle : l’imaginaire à portée de tous
– Témoins de Jéhovah : des « promoteurs de la bonne parole »
– Osez Le Féminisme, génération 2011
– La naturopathie, une médecine douce en vogue
– Médiévistes : mi-historiens, mi-combattants
– Lyon, terre d’occulte
– Vive Le Roy !