Fondée en 1830, par le prophète Joseph Smith à New York, l’Église mormone, typiquement américaine et longtemps qualifiée de secte, dispose depuis 2009 en France du statut d’association cultuelle. Mais elle reste encore très méconnue du public. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours d’Ecully est l’une des trois églises mormones grand-lyonnaises avec celles de Villeurbanne et du 7ème arrondissement de Lyon.
Pas de fioritures dans les paroisses mormones
L’Église mormone d’Ecully se distingue par sa sobriété : un bâtiment classique, sans vitrail, ni dorures. On n’y trouve pas non plus de croix du Christ. Étonnant pour des personnes qui se disent chrétiennes ? Pas vraiment. Les mormons refusent de représenter le Christ dans une épreuve douloureuse. Comme une école, le bâtiment comporte de nombreuses salles : des bureaux, des salles de cours et une bibliothèque. Mais aussi une cuisine, une salle de spectacle et une immense pièce dite chapelle pour l’office du dimanche.
Une autre salle est destinée au baptême. Un rite dont la pratique est bien différente de celle des autres chrétiens. Le baptême est autorisé seulement à partir de 8 ans. Selon les mormons, c’est à partir de cet âge-là que l’enfant est apte à prendre la décision de se convertir. En revanche, il n’y a pas d’âge limite pour se faire baptiser. Lors du baptême, les personnes sont totalement immergées dans une sorte de douche.
Des chrétiens avec des croyances et des rites particuliers
Les mormons croient en Dieu, en Jésus Christ et en la Bible, comme les autres chrétiens, mais se réfèrent aussi à un ouvrage canonique intitulé Le livre de Mormon. Mormon est pour eux, un prophète au même titre que Moïse et Abraham, ayant eu des apparitions spirituelles aux États-Unis dans les années 300 après Jésus Christ.
Les fidèles sont également soumis à des règles de vie très strictes. L’alcool, le thé, le café et le tabac sont prohibés et les rapports sexuels interdits avant le mariage. « La pureté sexuelle est un respect de soi et de l’autre. La vie sexuelle doit s’inscrire dans le mariage », souligne l’évêque de la paroisse d’Ecully, Denis-Pierre Cuche.
Quant à la polygamie des mormons, elle n’est plus pratiquée depuis 1890, l’année qui a vu l’interdiction de la coutume par la loi américaine, assure Denis-Pierre Cuche. « Quelques personnes encore polygames, qui ont refusé de progresser avec nous, ont été exclues de l’église. »
L’une des caractéristiques fondamentales de l’Église mormone est justement son attachement à la famille, qu’elle croit éternelle. Pour les mormons, c’est au sein de la famille que les valeurs et les principes sont les mieux enseignés. « Cette vision de la famille, c’est une chose merveilleuse », assure Denis-Pierre Cuche. « On crée des ingrédients pour être heureux, il y a des divorces bien sûr, mais moins que dans le reste de la société. Je ne dis pas que les membres de l’église n’ont pas de difficultés mais globalement ils ont moins de souffrance », explique l’évêque. C’est aussi en raison de l’importance attachée à la famille que les mormons sont adeptes de la généalogie, conservant tous les registres de naissances et de décès.
Ces missionnaires qui prêchent dans le monde entier
Coiffure impeccable, sourire permanent, costume-cravate, telle est la panoplie du missionnaire. Ils sont près de 56 000 missionnaires dans le monde et environ 300 en France. Ils se déplacent toujours par deux et sont souvent d’origine étrangère. Ces jeunes fidèles consacrent tous deux ans de leur vie, dès leur majorité, au prosélytisme (seulement 18 mois pour les jeunes filles). Avant de partir dans un pays, ils reçoivent une formation de deux mois.
Smedley et Lozano, deux Américains, sont en France depuis seulement deux et trois mois. « On a envie de partager. L’église doit apporter de la joie. On se doit de témoigner des vérités », explique Smedley. Les deux jeunes hommes ont un parcours très différent. Smedley est issu d’une famille mormone depuis quatre générations. Il est originaire d’Utah, berceau de la religion mormone. Lozano, par contre, s’est converti il y a six ans. Dans sa famille, personne n’est mormon, ses parents sont catholiques. « Un ami de mon frère, membre de l’église, m’a proposé de participer à une messe, ça m’a plu je me suis fait baptiser », confie Lozano. Chaque jour, Lozano et Smedley doivent prier, étudier et partir, Bible et livre de Mormon sous le bras, enseigner l’Évangile.
Autonomie et charité
Chaque membre de l’Eglise doit reverser un dixième de ses revenus, la dîme, à sa paroisse, pour permettre à l’église d’aider les autres. Car l’autonomie et la charité sont deux piliers de la croyance mormone. Ainsi, l’organisation mormone vient régulièrement en aide lors de grosses catastrophes, en envoyant des dons et organisant des distributions d’aliments dans les zones sinistrées.
A l’échelle locale, plusieurs actions sont menées par la paroisse comme la Journée mains serviables, destinée à aider la communauté, ou encore un jeûne collectif d’une journée. Les fidèles doivent ensuite reverser l’argent économisé des deux repas à la communauté. L’entraide vise toujours à rendre les fidèles autonome. « On aide les gens à trouver du travail, à s’autosuffire et donc à ne pas dépendre de l’État », explique l’évêque Denis-Pierre Cuche. C’est dans cette optique que la paroisse incite ses membres à faire des études, à gérer leurs finances et leur santé. Les mormons lyonnais donnent aussi leur sang régulièrement. « On encourage nos fidèles à être de bons citoyens », résume l’évêque.
Lire aussi :
– Végétaliens : « On n’est pas des bouffeurs de carottes »
– La Scientologie, une entreprise ultra profitable
– Jeux de rôle : l’imaginaire à portée de tous
– Témoins de Jéhovah : des « promoteurs de la bonne parole »
– Osez Le Féminisme, génération 2011
– La naturopathie, une médecine douce en vogue
– Médiévistes : mi-historiens, mi-combattants
– Lyon, paradis des libertins
– Lyon, terre d’occulte
– Vive Le Roy !